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Plume en métal

C’est l’Anglais Wyse qui, vers 1803, fabriqua les premières plumes d’acier. Leur usage commença à se répandre dans la période comprise entre 1820 et 1830, et c’est vers 1840 que les plumes métalliques pénétrèrent dans les écoles primaires françaises.

Photo de boite de plumes en métal

C’est l’Anglais Wyse qui, vers 1803, fabriqua les premières plumes d’acier. Leur usage commença à se répandre dans la période comprise entre 1820 et 1830, et c’est vers 1840 que les plumes métalliques pénétrèrent dans les écoles primaires françaises : la plume de cuivre ne concurrençait en effet que très mal la plume d’oie taillée. Les calligraphes, qui tenaient à former des pleins et des déliés, préféraient la plume d’oie, et beaucoup d’écrivains lui sont restés attachés jusqu’à leur dernier jour. Ce qu’on reprochait surtout aux plumes d’acier, c’était de se gâter promptement par l’action corrosive de l’encre. D’ailleurs, pour combattre cet inconvénient, les fabricants avaient recours au bleuissage, au bronzage et même à la dorure, mais sans beaucoup de succès. La nature des encres y était sans doute pour beaucoup.


L’heure de la revanche sonna néanmoins pour notre industrie nationale lorsque messieurs Blanzy et Poure fondèrent, à Boulogne-sur-Mer, en 1836, la Compagnie française, et lancèrent sur le marché d’incomparables plumes d’acier qui balayèrent la concurrence étrangère.



L’estocade finale fut donnée par la populaire Sergent Major, merveille d’esthétique et d’efficacité, arme absolue de l’Eduction nationale et de l’école laïque, dont les boîtes de 144 plumes (douze douzaines) étaient scellées d’un ruban tricolore avec, sur le couvercle, des scènes patriotiques de l’histoire de France.



                         

Sans doute l’histoire de notre production nationale se confond avec celle de l’estimable maison Blanzy-Poure, mais il y eut d’autres fabricants dont la découverte passionna les chercheurs. Henri Charles Lavauzelle, par exemple, signa de superbes plumes dites de ronde par référence au type d’écriture auquel elles étaient destinées. Puis Baignol et Fargeon, Mallat, etc. illustrèrent une production qui fit le bonheur - ou la déconvenue ! - des écoliers et autres commis aux écritures





« Il y a, sans doute, un choix judicieux à faire entre les divers genres de plumes métalliques : il faut éviter d’en prendre qui aient un bec trop effilé, surtout pour les jeunes enfants ; celles qui l’auraient peu flexible doivent être rejetées aussi. Les plus employées sont les plumes dites à lance ».

Nouveau dictionnaire de pédagogie, F. Buisson, 1911



Le règne des plumes d’acier dura à peine plus d’un siècle ; c’est dire s’il fut bref, en regard de celui de la plume d’oie, qui domina le marché occidental pendant un millénaire, ou de celui du calame, répandu de l’Atlantique à l’océan Indien pendant près de trois millénaires. Leur vie fut brève, certes, mais active et glorieuse, accompagnant et favorisant l’essor prodigieux de la pratique de l’écriture aux XIXème et XXème siècles.



Ceux qui ont connu les plumes métalliques sur les bancs de l’école, se souviennent sûrement de leurs premières tentatives de scripteurs, des bavures et des pâtés, mais aussi, la maîtrise venue, du suave grattement du bec sur la feuille quadrillée où des caractères bien formés naissaient dans l’harmonie des pleins et des déliés.

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